RENDEZ-VOUS N°3 TOUR DE FRANCE PILOTER SA FERME : LE BLÉ DUR

Le Tour de France Piloter Sa Ferme reprend du service ! En 2019, nous sillonnions les routes de France pour partir à la rencontre de nos agriculteurs. Alors, avec le contexte actuel, cet événement dédié à nos abonnés revient en format 100% digital. 

7 visioconférences autour de 7 thèmes d’actualité. 

Notre objectif ? Apporter aux agriculteurs les informations et les conseils dont ils ont besoin. Du 26 mai au 17 juin, nous vous donnons rendez-vous sur le blog Piloter Sa Ferme pour vous partager l’essentiel des informations échangées lors de ces visioconférences.

Pour ce troisième rendez-vous du Tour de France Piloter Sa Ferme, nos équipes se sont associées à :

  • Constant THIROUIN, Trader chez Cargill pendant 17 ans
  • François ARNOUX, producteur de Blé dur

Tensions sur le marché du blé dur : Quelles sont les perspectives d’évolution du marché ?

Le blé dur, une céréale destinée à l’alimentation humaine.

La production de blé dur est très sensible à la qualité. Dans le monde, la quasi-totalité est utilisée pour l’alimentation humaine. Ou bien, lorsqu’elle est déclassée, pour l’alimentation du bétail.

La consommation humaine est stable depuis plusieurs années. Notamment, avec un marché européen pris entre la demande italienne et l’offre canadienne. Les plus importantes zones de consommation se concentrent entre l’Europe et l’Afrique du Nord. Par exemple, la Turquie a développé une industrie de fabrication de pâtes. Depuis de nombreuses années, elle importe du blé dur pour exporter des pâtes un peu partout dans le monde. Particulièrement, au Venezuela, l’un de ses principaux clients.

Ainsi, L’Italie domine le classement des plus grands consommateurs de pâtes alimentaires dans le monde. En effet, le pays est en tête avec 23,2 kilos de pâtes consommés par habitant. La Tunisie, en deuxième position,  produit 17 kilos par habitant. Et, le Venezuela, avec 12 kilos par habitant, est en troisième position. La France arrive en neuvième position avec 8,4 kilos par habitant.

La production et le stockage du blé dur au niveau mondial.

Au niveau mondial, les deux principales zones de production de blé dur sont le Canada et l’Europe. La production du Maghreb n’est pas négligeable. Mais elle reste structurellement inférieure à la consommation locale.

Par ailleurs, les États-Unis et le Mexique sont des pays régulièrement exportateurs vers la Méditerranée. Et, bien souvent avec du blé de qualité. L’Amérique du Nord participe à 71% des échanges mondiaux. Dont 64% sont détenus par le Canada. Ce dernier se positionne comme maître du jeu avec une importante production en comparaison d’une faible consommation.

De plus, ces dernières années, un stockage important pèse sur le marché. Entre 2015 et 2017, certains pays ont connu de très belles récoltes. Comme le Canada, par exemple, qui a produit 7,8 millions de tonnes.  En comparaison d’une moyenne de rendement sur 10 ans de 5,2 millions de tonnes.  Or, lors de la récolte 2019/2020, ces stocks ont été en recul. Et les prévisions pour l’année prochaine à ce stade des cultures annoncent une tendance encore à la baisse. Avec une production réalisée par un nombre limité de pays, la baisse globale en 2019, et dans une moindre mesure en 2020, permet une estimation en baisse des stocks de report avant la moisson 2021.

La filière blé dur en France : 4ème céréale la plus cultivée.

D’un point de vue européen, l’Italie domine le marché. Le pays comptabilise 52% de la production et les trois quarts de la consommation. La France se positionne comme deuxième pays producteur. Mais elle représente seulement 7% de la consommation totale. Ce chiffre indique une nécessité d’être compétitif en Europe et sur le bassin méditerranéen.

Aujourd’hui, on compte environ 20 000 exploitations cultivatrices de blé dur en France. Avec 250 000 hectares cultivés en 2019, contre 354 000 hectares en 2018. Cela représente 4 % de la surface céréalière et 3 % de la production de céréales.

Entre 2018 et 2019, sur les 2 millions de tonnes produites, environ 580 000 tonnes ont été utilisées par la semoulerie industrielle. Dont 20% exportées sous forme de semoule. Les 1,42 millions de tonnes restantes sont parties vers l’Union européenne et les autres pays sous forme de grains.

Au total, 82 % des exportations partent vers l’UE. Et 18 % sont exportées vers les pays du Maghreb.

L’interprofession du blé dur souhaite continuer à développer cette culture. Et ce, avec un objectif de production à 3 millions de tonnes. Cette volonté de croissance intervient dans le but d’être plus présent sur le marché international. Les acteurs de la filière ont pour objectif commun de faire face aux enjeux d’un marché toujours plus exigeant (rendement, résistances, qualité physique et physiologique, …).

Mais face à la baisse des surfaces, quelle rentabilité à moyen terme ?

L’objectif principal est de retrouver des surfaces de production pour rester existants sur le marché. Selon les prévisions, la production 2020 s’annonce comme étant dans les plus basses depuis le début des années 2000 en France. Selon les perspectives pour les années à venir, il est nécessaire de poursuivre les efforts en matière de résistances aux pathogènes, de qualité technologique et de diversité génétique. En proposant une offre variétale séduisante, il sera possible de conserver les territoires du blé dur. Et, de (re)conquérir de nouvelles zones tout en anticipant le changement climatique.

Des exigences qualitatives élevées impactant le prix.

Le consommateur du XXIème siècle est exigeant. Il veut un produit de qualité constante. Aujourd’hui, les progrès techniques permettent de mieux gérer certains défauts du grain. Tout en les rendant moins pénalisants. Par ailleurs, les régions de production ou de destination sont intimement liées à la qualité du produit final. Et, elles ont même leurs propres exigences qualitatives.

Il est important de rappeler que le blé dur est un produit à prime. Et, l’écart de prime sur le blé dur peut varier fortement. Avec un marché difficilement arbitrable, l’agriculteur peut être confronté à des périodes sans acheteur. Les événements de ces derniers mois montrent l’incertitude des marchés. Mais aussi l’impossibilité de prévoir les réactions. Nous avons assisté à une hausse de la consommation de pâtes. Surtout durant la crise sanitaire. Mais que se passera-t-il ensuite ? La consommation va-t-elle stagner ou baisser ? Le marché ayant atteint des prix hauts, il devient nécessaire pour l’agriculteur de réfléchir à sa stratégie de commercialisation. La boule de cristal n’existe pas ! C’est pourquoi chez Piloter Sa Ferme nous accompagnons les agriculteurs pour les aider à savoir prendre les bonnes décisions aux bons moments.

Le marché du blé : une agriculture performante

En conclusion, le marché du blé français se positionne en tant qu’agriculture performante. Elle maîtrise ses pratiques agricoles et peut répondre aux nouvelles attentes du marché. La proximité géographique avec le principal bassin de consommation et le dynamisme de l’industrie française sont des atouts pour accompagner la production dans sa mutation prochaine. Cependant, avec un nombre d’acteurs limité, l’absence de marché à terme empêche l’arbitrage. Et cela s’ajoute aux décisions politiques qui peuvent faire évoluer les productions et les flux d’une année à l’autre. Si la production venait à être supérieure à la demande, la filière devra savoir répondre aux intérêts des industriels. Au risque de ne pas pouvoir obtenir de prix convenable du collecteur.

Retrouvez-nous prochainement pour notre quatrième rendez-vous du Tour de France Piloter Sa Ferme autour du thème « Regards sur l’Ukraine », une visioconférence animée par Piloter Sa Ferme avec la participation de Jean Paul KIHM, agriculteur français et dirigeant d’Agrokmr (Ukraine).