Le Salon « Terres en fêtes 2024« , situé près d’Arras, a accueilli une émission spéciale de Powerboost animée par Jean-Paul Hébrard. « L’émission Tv qui aime l’agriculture » s’est focalisée sur les défis contemporains du pilotage de ferme dans un contexte de plus en plus chaotique. Jean-Paul a animé le débat en compagnie de deux invités de marque : Sylvain Jessionesse, agriculteur dans le Sud de l’Aube et cofondateur de Piloter Sa Ferme. Et, Armel Lesaffre, polyculteur et éleveur à Fief, près d’Arras, également président du groupe coopératif Uneal et du groupe Advitam. Regards croisés des défis d’aujourd’hui lorsqu’il faut piloter sa ferme dans un contexte chaotique :
Comment piloter Sa Ferme dans un contexte chaotique ? Regarder l'émission PowerBoost :
L'émission de PowerBoost avec PSF sur "Comment piloter sa ferme en contexte chaotique ?" : tout ce qu'il s'est dit !
Piloter sa ferme : une réponse innovante aux défis agricoles
Lorsque Jean-Paul Hébrard demande à Sylvain Jessionesse comment est né Piloter Sa Ferme et à quels besoins répondent ses outils… :
« L’idée de Piloter Sa Ferme est née d’un constat simple mais alarmant : Comment, en tant qu’agriculteur, puis-je assurer un revenu stable dans un contexte de plus en plus chaotique ?
Le revenu d’un agriculteur dépend de trois paramètres principaux :
- Les volumes que nous récoltons ;
- Les charges que nous engageons ;
- Et la valorisation de notre récolte.
Cependant, ces dernières années, nous avons été confrontés à un contexte climatique de plus en plus compliqué. L’année 2024 le confirme, avec une instabilité croissante des prévisions de rendements.
Nos charges ont également fluctué de manière significative. On parle beaucoup d’inflation, mais nous, les agriculteurs, avons vécu une inflation historique entre 2021 et 2023. Notre coût de production du blé est passé de 160 € la tonne à presque 240 € la tonne en 2023.
En parallèle, depuis 15 ans, le prix du blé fluctue énormément, étant directement influencé par les évolutions des marchés mondiaux des matières premières et les actions des fonds de pension.
Dans ce contexte, « Piloter Sa Ferme » répond au besoin urgent de repères pour nous, agriculteurs, afin de d’atteindre l’objectif commun de tous les agriculteurs, “AVOIR DU REVENU” Il s’agit de trouver des solutions pour naviguer à travers ces incertitudes climatiques et économiques, tout en optimisant la gestion de nos exploitations agricoles. »
Agriculture dans l’Aube : les défis de 2024
Avant de rentrer dans le vif du sujet, Jean-Paul Hébrard veut faire un « état des lieux » de la situation agricole dans l’Aube au travers de la Ferme Jesse qu’exploite Sylvain :
« Nous avons pu implanter les céréales avant le 20 octobre environ, mais depuis cette date, nous n’avons presque pas vu le soleil. Cela rend les choses très compliquées aujourd’hui, notamment pour les cultures de tournesol qui sont ravagées par les limaces et les pigeons, en plus de manquer de chaleur et d’ensoleillement. Comme tout agriculteur, nous aurons le verdict final lorsque tout sera dans la benne, donc d’ici quatre semaines. À ce moment-là, nous pourrons déterminer si c’est une année normale ou si elle ressemble à celle de 2016.
Concernant les blés, nous faisons face à une pression maladie importante. Il est crucial d’être très vigilant et de réaliser au mieux notre métier d’agriculteur, car nous sommes avant tout des agronomes. Nous devons surveiller nos parcelles de près et intervenir au bon moment avec les produits appropriés.
Agriculture et vignoble : l'adaptation climatique en Pas-de-Calais
Jean-Paul Hébrard retourne la question à Armel Lessafre qui fait également de la vigne dans le Pas-de-Calais depuis peu. Mais dont la première cuvée l’an dernier était quand même de 40 000 bouteilles :
« Nous nous sommes également lancés dans la viticulture sur notre territoire en raison du changement climatique qui nous affecte. Nous avons deux façons d’aborder ce changement. La première est de transformer notre agriculture pour préserver l’avenir. Nous travaillons sur des projets liés au carbone, mais ce sont des démarches à long terme.
Cependant, nous devons aussi nous adapter immédiatement au réchauffement climatique. C’est pourquoi nous introduisons de nouvelles cultures et productions sur nos terres. Nous avons débuté la viticulture, produisant du vin blanc. En septembre-octobre 2023, nous avons récolté pour la deuxième année, produisant 200 000 bouteilles et nous continuons à progresser dans ce domaine.
En ce qui concerne les autres cultures dans le Pas-De-Calais, c’est globalement similaire à ce que Sylvain a mentionné.
Certes, nous avons subi des inondations, notamment en novembre, mais aussi en janvier et février. Un de mes administrateurs a d’ailleurs témoigné à l’Assemblée Générale car il a été fortement touché le 7 décembre. Plusieurs facteurs sont en cause : des quantités d’eau énormes tombées en peu de temps, des cultures qui drainent moins bien que les prairies, et des opérations de curage des fossés peut-être insuffisantes. Tous ces éléments combinés ont contribué à la situation. Cependant, quand je regarde mes collègues agriculteurs dans d’autres régions de France, nous sommes tous plus ou moins dans la même situation depuis quelques mois.
Tout ce que nous avons réussi à semer avant le 15 octobre se porte bien. Tout ce que nous avons également pu désherber, malgré une forte pression des graminées, se développe correctement.
En revanche, ce qui n’a pas été semé après le 15 octobre rencontre des difficultés, surtout dans notre région où la betterave et la pomme de terre sont très présentes. Il y a eu des créneaux en décembre et janvier pour semer, mais sans désherbage, c’est compliqué. Environ 10 % de notre territoire n’a pas été semé en céréales. La pression des maladies est également très forte.
C’est là que nous intervenons pour accompagner nos agriculteurs. L’accompagnement technique est crucial avec une telle pression des maladies. De plus, nous constatons que les conditions peuvent varier fortement d’un endroit à l’autre : il peut y avoir 60 mm de pluie à un endroit et rien à 10 km de distance. C’est pourquoi notre proximité avec nos adhérents est essentielle, car un programme adapté à une commune peut ne pas l’être pour une autre située à seulement 10 km. »
Comment Piloter Sa Ferme dans un contexte chaotique ?
La question centrale de l’émission Powerboost est donc posée dans un premier temps à Sylvain Jessionesse :
« Comme je vous le disais précédemment, notre revenu agricole repose sur trois éléments : le volume, les charges, et le prix de vente. Nous faisons face à une inflation historique qui met la Ferme France en danger et exerce une pression énorme sur toutes les exploitations agricoles. Aujourd’hui, pour la récolte de 2024 voire 2025, notre coût de production tourne autour des 200 € la tonne.
Cela signifie que la Ferme France doit à la fois produire un volume significatif pour amortir ses charges et espérer que le marché se situe à plus de 200 € la tonne. Cette fluctuation des charges remet en cause notre compétitivité. »
Lisser la volatilité des marchés : le défi d’Advitam
De son côté, Armel Lesaffre, confirme :
« Nous avons trois points fondamentaux dans ce contexte de fluctuations fortes que Sylvain vient d’expliquer. Premièrement, nous devons être capables de fournir à temps nos agriculteurs en intrants agricoles. La disponibilité ne se fait pas en claquant des doigts, il faut anticiper. Récemment, nous avons touché du doigt des pénuries. Il est de notre responsabilité de nous organiser pour que nos agriculteurs aient tout ce dont ils ont besoin dans leurs silos, surtout avec des fenêtres de plus en plus courtes dues aux conditions météorologiques.
Deuxièmement, piloter, c’est être au plus près agronomiquement. Nous utilisons des outils d’aide à la décision, notamment des capteurs, pour apporter la technicité nécessaire. Nous sommes convaincus que c’est le technicien qui fait la différence. Il est crucial de vulgariser ces outils et d’accompagner nos agriculteurs.
Enfin, comme Sylvain l’a mentionné, la mise en marché est essentielle. Avec les fluctuations que nous connaissons, nous travaillons dans les coopératives pour lisser cette volatilité et éviter de gros à-coups sur les trésoreries des exploitations.
C’est aussi pour cela que nous essayons d’accompagner nos producteurs. Nous venons de lancer ce que nous appelons les offres de pilotage sur les céréales. Ainsi, si des agriculteurs veulent essayer de se positionner, nous leur apportons les meilleurs conseils. Mais nous allons effectivement avoir un petit problème de revenu, ce que nous appelons l’effet ciseau. Alors, comment faire ? Il s’agit d’essayer de vendre au mieux, c’est la première chose. Ensuite, il faut diminuer les charges. Cela signifie mettre l’intrant au bon moment, au bon endroit, et juste ce qu’il faut pour que ça produise. Nous devons également accompagner techniquement et avec proximité nos agriculteurs. »
Gagner sa vie en tant qu'agriculteur malgré le contexte chaotique grâce aux outils de Piloter Sa Ferme
Interrogé par Jean-Paul Hébrard, Sylvain Jessionesse explique comment les outils de Piloter Sa Ferme aident les agriculteurs à faire face à ce contexte si chaotique :
« Notre objectif premier en tant qu’agriculteur, c’est de gagner notre vie. Nous devons identifier notre besoin de chiffre d’affaires pour faire face à l’ensemble des dépenses de notre exploitation, y compris la rémunération de notre travail. Notre travail a de la valeur, et pour cela, il est crucial de mettre en place un tableau de bord de pilotage qui nous permet d’identifier l’objectif à atteindre. Au fur et à mesure de nos décisions de vente et d’achat, nous pouvons voir l’évolution de l’atteinte de cet objectif prédéfini.
En 2023, il a été compliqué pour de nombreux agriculteurs d’atteindre cet objectif en raison d’un niveau de charge élevé. C’est pourquoi il est important que ce tableau de bord de pilotage soit connecté en temps réel avec l’évolution des marchés. On peut valoriser sa récolte en prix moyen ou vendre une partie en prix ferme, mais il est essentiel de savoir où on en est et où l’on va. C’est le sens des outils que nous avons développés chez Piloter Sa Ferme.
Aujourd’hui, il est de plus en plus compliqué de piloter une exploitation. Il est donc crucial de s’appuyer sur les nouvelles technologies, comme les algorithmes et l’intelligence artificielle. Ces technologies sont mises au service de l’agriculteur pour l’aider à prendre des décisions rationnelles en lien avec ses objectifs. Si nous nous levons tous les matins, Jean-Paul, vous et moi, c’est pour gagner notre vie. Donc, comment cette technologie nous aide-t-elle à gagner notre vie ? »
L’intelligence artificielle : une peur pour les agriculteurs ?
Jean-Paul Hébrard se demande si l’Intelligence Artificielle ne pourrait pas être un frein à la confiance des agriculteurs. Mais également, quel est le niveau de transparence du tableau de bord de Piloter Sa Ferme :
« Ce qui est important, c’est que le tableau de bord offre une vue en temps réel de notre exploitation. Quand je circule partout en France, je fais plus de 40 000 km par an, et je ne me pose plus la question de l’outil que j’utilise pour naviguer avec ma voiture. J’utilise Waze, je vérifie l’objectif que j’ai fixé et Waze m’emmène du point A au point d’arrivée. Il m’indique les difficultés de route, le temps de trajet, et je lui fais confiance. Il est essentiel de comprendre non seulement comment l’outil fonctionne, mais surtout quel bénéfice il peut apporter.
Les abonnés de Piloter Sa Ferme qui utilisent les outils depuis plus de dix ans mettent en avant trois bénéfices : la tranquillité grâce à une aide à la décision rationnelle, le gain de temps et la performance économique. Piloter une exploitation dans un contexte chaotique, c’est avoir des éléments factuels pour être en temps réel sur son exploitation.
Ainsi, nous pouvons naviguer à travers les complexités du marché agricole avec une plus grande assurance et une meilleure prise de décision, aidés par des technologies modernes et des outils de pilotage avancés. »
Pour en savoir plus sur le tableau de bord de Piloter Sa Ferme :
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Les outils de Piloter Sa Ferme aident les agriculteurs à faire face au contexte chaotique :
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