La moisson 2024 va avoir un sévère impacte sur le revenu agricole, tout particulièrement pour les exploitations situées en zone intermédiaire. Alors que les premiers résultats confirment les craintes des agriculteurs, il devient évident que les conditions climatiques et économiques ont eu des conséquences significatives sur leur revenu.

Cet article explore comment les rendements en baisse, les coûts de production élevés et la dégradation de la valorisation des récoltes affectent la rentabilité des exploitations, et propose des pistes pour anticiper et atténuer ces effets.

Contexte de la moisson 2024.

La moisson 2024 s’inscrit dans un contexte difficile pour les agriculteurs. Leur objectif principal étant de générer un revenu suffisant pour couvrir les dépenses engagées, valoriser les volumes récoltés, et faire face aux aléas climatiques et économiques. Pour comprendre l’impact de cette moisson 2024 sur le revenu des exploitations, il est essentiel d’analyser trois paramètres clés :

  1. Les dépenses engagées à l’hectare : En 2024, ces charges ont diminué de 20 % par rapport à 2023. Mais restent supérieures de 25 % par rapport à 2021.
  2. Les volumes récoltés : En raison de conditions climatiques défavorables, les rendements sont souvent inférieurs aux moyennes pluriannuelles.
  3. La valorisation de la récolte : Les prix de vente des céréales et oléagineux ont chuté après un rebond au printemps. Une situation qui pèse encore plus sur les revenus des agriculteurs.

Les raisons de l'impact sur le revenu agricole 2024

Les rendements en 2024 ont été significativement affectés par des conditions météorologiques extrêmes. Les sols très argileux ont souffert des excès d’eau. Tandis que les sols argilocalcaires superficiels s’en sont mieux sortis.

De plus, les semis réalisés avant le 26 octobre, ainsi que ceux effectués en novembre et décembre, ont été plus impactés que ceux réalisés en janvier. Certaines variétés, comme la variété Celebrity de blé, ont particulièrement décroché.

Rendements inférieurs aux moyennes et valorisation dégradée

La qualité des récoltes a également été dégradée. Notamment en raison du manque de lumière et des excès d’eau. Entraînant des réfactions sur les prix de vente. Par exemple :

  • Blé meunier : Un Poids Spécifique (PS) inférieur à 76 entraîne une réfaction de 20 à 40 €/tonne.
  • Orge brassicole : Un calibrage inférieur à 75 % conduit à une perte de 50 à 75 €/tonne.

Evolution des marchés du Blé Euronext à l’échéance Décembre 2024.

Moisson 2024 évolution du prix du blé Euronext

Evolution des seuils de commercialisation de la culture du blé.

Commercialisation du blé récolté lors de la moisson 2024

Résultats prévisionnels de la moisson 2024 : une baisse alarmante du revenu agricole

Les ventes réalisées début juin 2024 couvraient seulement 25 % du besoin en chiffre d’affaires. Soit 66 600 €.

Situation avant la moisson 2024 et son impact sur le revenu agricole

Scénario 1 : Potentiel de revenu agricole avant la baisse des rendements

En supposant que les rendements théoriques soient atteints. Le chiffre d’affaires prévisionnel serait de 266 100 €. Suffisant pour couvrir toutes les dépenses de l’exploitation, y compris la rémunération de l’exploitant.

Potentiel de revenu agricole avant la baisse des rendements de la Moisson 2024

Scénario 2 : Potentiel de revenu après la baisse des rendements

Cependant, une baisse de 1 tonne par hectare en céréales et de 10 % en colza réduit le chiffre d’affaires de 33 000 €. Cela entraîne une perte annuelle estimée à 33 500 €.

Potentiel de revenu agricole en intégrant la baisse des rendements de la moisson 2024

Scénario 3 : Baisse des rendements et réfactions de prix

En tenant compte des réfactions sur les prix de vente. La perte supplémentaire de chiffre d’affaires s’élève à 12 000 €. Ce qui conduit à une insuffisance totale de 45 000 €. Cette situation impacte lourdement la trésorerie de l’exploitation jusqu’à la prochaine moisson.

Moisson 2024 impact sur le revenu agricole

Analyse de la moisson 2024 : Problème conjoncturel ou structurel ?

Les mauvais résultats de 2024 mettent en lumière des enjeux plus profonds. La hausse des charges depuis 2021, combinée à la dépendance des agriculteurs aux conditions météorologiques et aux fluctuations des marchés, soulève la question de la compétitivité et de la résilience de l’agriculture française.

Notre secteur est-il capable de résister durablement aux aléas économiques et climatiques ? Ou est-il confronté à un problème structurel, similaire à celui qu’ont connu d’autres industries françaises dans les années 1980 ?

Comment améliorer la compétitivité et la résilience des exploitations agricoles ?

Il est crucial de procéder à une évaluation détaillée des résultats de 2024 pour identifier l’écart entre les besoins en chiffre d’affaires et les résultats obtenus. Cette analyse permettra de déterminer l’impact sur la trésorerie. Mais également de planifier les actions correctives nécessaires.

Piloter Sa Ferme propose à ses abonnés une série de 20 rendez-vous dès septembre 2024 pour les aider à évaluer leur compétitivité et leur résilience. Mais également de mettre en place des stratégies à court et long terme pour sécuriser leur revenu.

Anticiper la moisson 2025 pour sécuriser le revenu agricole

La moisson 2024 a montré que l’agriculture française est à un tournant. Pour assurer la pérennité des exploitations. Il est impératif de prendre des mesures pour améliorer leur compétitivité et leur résilience face aux aléas.

C’est dans ce sens que Piloter Sa Ferme accompagne les agriculteurs en les aidant à anticiper les défis et à agir de manière proactive.

Sylvain Jessionesse
Agriculteur et co-fondateur de Piloter Sa Ferme

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